Little one-shot.
Votre avis?
Qui suis-je? Que suis-je? Pourquoi suis-je? Tant de questions et si peu de réponses. Je demande de l’aide. On me la refuse. Vous vous contentez de me regarder de haut. Vous me dévisagez. Suis-je différente de vous? Peut-être que oui. Peut-être que non. Vos yeux me disent que je ne suis pas dans les normes. Ils me le hurlent. Je ne serai qu’une étrange créature. Je vous inspire la crainte. La peur. Mais pourquoi? Avez-vous peur de devenir comme moi? De devenir étrange? C’est plutôt à moi d’avoir peur. Vous vous ressemblez tous. L’un est la copie exacte de l’autre. Vous dites tous être parfait. Serai-je erronée? Défaillante? Peut-être que oui. Peut-être que non. Je sais seulement que je suis seule. Que je m’ennuie. Je n’ai rien à faire. Tout me lasse. Rien ne m’amuse. Il n’y ait qu’une chose qui me divertisse. Je dois d’ailleurs remercier un homme pour cela. Je l’ai rencontré un jour de neige. Alors que je me promenais. Il descendait d’un hêtre. Je lui ai demandé ce qu’il faisait là-haut. Il me répondit : «Je mettais fin à mon divertissement.». Il m’a demandé mon nom. Je le lui ai donné. Je lui ai demandé le sien. Il m’a dit de l’appeler M.V. Je le nommais donc ainsi. Je lui ai demandé la nature de la distraction à laquelle il venait de mettre fin. Il me répondit : «J’étais hypnotisé par un magnifique spectacle.». Je lui ai expliqué que je m’ennuyais. Que je voulais voir le spectacle dont il parlait afin de sortir de ma routine. Il réfléchit. Hésita. Accepta. Je souris. Fière de ma victoire. J’allais enfin ne plus connaître l’ennui. Et ce grâce à lui. Grâce à M.V. J’attendais impatiemment le jour de mon divertissement. Et lorsqu’il arriva, je fus prise d’une des plus grandes joies existantes. Je le suivi. Sans me douter de ce qui m’attendait. Sans me douter de ce à quoi j’allais gouter. Nos pas résonnaient dans la neige. Nous nous arrêtâmes subitement. Je lui lançai un regard. Il regardait au loin. Il y avait une jeune fille. Il se tourna vers moi. Se pencha vers mon oreille. Et y murmura : «Va voir la femme là-bas et dis-lui de venir ici.». Je lui demandai pourquoi. Il me répondit qu’elle serait mon divertissement. Je ne compris pas. Mais agis. Je m’éloignai de lui. Arriva près de la demoiselle qui m’était inconnue. Lui demanda de me suivre. Elle acquiesça et me suivit. Je la ramenai donc à M.V. Il me sourit. Il semblait être fier de moi. Une fois à sa hauteur, il me félicita. La jeune fille demanda alors ce qui se passait. Il répondit : «Nous allons nous divertir à l’aide du plus beau des spectacles.». Incompréhension chez la demoiselle. Nous l’avons emmené dans les bois. A l’abri des regards. L’impatience me gagnait. Un peu plus tard, M.V. jugea que nous étions en sécurité. Il se tourna vers moi et me dit : «Ouvre bien les yeux. Le spectacle va commencer.». J’acquiesçai d’un signe de tête. Il sourit derechef. Il sortit un couteau poignarda la jeune fille. Le sang se répandit sur la neige. J’étais charmée. Emerveillée. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. D’aussi élégant. Je restais sans voix. Yeux écarquillés. Tombai à genoux. Caressai la neige écarlate du bout des doigts. Ils prirent à leur tour une couleur vermeille. Je n’accordais aucune importance au corps sans vie se trouvant devant moi. J’étais bien trop fasciné par le précieux liquide vital. Je défis mon regard de l’œuvre se trouvant à mes pieds et le tourna vers M.V. Il était dans le même état que moi il y a quelques secondes. Dans cette sorte de transe qui nous coupait du monde. Hypnotisé par le sang recouvrant les cristaux de neige. Je fus à nouveau envoutée. Les minutes passaient. Les secondes s’écoulaient. Nous restions imperturbables. Nous étions dans un monde parallèle. Soudain, des bruits se firent entendre. Nous fûmes ramenés à la réalité. Il prit le corps et m’ordonna de le suivre. J’obéis sans la moindre hésitation. Après un dernier regard sur notre divertissement, nous prîmes la fuite. Plus tard, il me demanda de m’arrêter. D’attendre sagement qu’il revienne. Derechef, je lui obéis. Bien sagement. Une heure passa. Il revint enfin. Sans le corps. Dans le hêtre? Peut-être. Il me parla. Je l’écoutais attentivement. Il me demanda si je n’avais pas trouvé le spectacle de tout à l’heure trop court. Je lui répondis que si. Il sourit. Sortit à nouveau son couteau. Esquive inconsciente. Une partie du monde devint noir. La neige redevint rouge. Seul un de mes yeux possédait le privilège d’en revoir le spectacle. M.V. était derechef fasciné. Mais ce n’est pas la neige qu’il regardait. C’était moi. Il caressa mon visage. Le sang tâcha ses doigts. Il murmura : «Tu es magnifique.». Je ne bougeai pas. Parfaitement immobile. Fascinée par mon propre liquide de vie. Le couteau relança une attaque. Je l’évitai. Je ne voulais pas être privée de la vue. Privée du spectacle. Je pris alors la fuite. Il ne me poursuivit pas. Je me dissimulai dans un arbre. Le divertissement était terminé. Je ne revis plus jamais M.V. Je suis maintenant parmi vous. Vous qui me faites peur. Vous qui ne comprenez pas ma fascination. Oui, depuis que je l’ai rencontré et que j’ai gouté au sang, je suis devenue étrange. Lorsque je m’ennuie et qu’il neige, je vous regarde avec envie. Et oui, je suis devenue comme lui. Je lui dois des remerciements. Grâce à lui, je sais ce que je suis. Etrange. Je sais pourquoi je suis. Me divertir. Je sais qui je suis. M.V. Alors maintenant, je peux répondre aux questions que je me posais. Je suis M.V. Je suis étrange. Je suis pour me divertir.
Tu as beaucoup de talent, à quand le prochain texte ?
